Atelier de conversation autour du jeu zap taro à Bourthes le 6 mai 2025 de 15h à 17h30.
Présents : Bernard présente et propose le jeu à Audrey, Jérôme (Estelle en fin de séance).
Les participant-e-s intéressé-e-s par la démarche du jeu, utile outil de sensibilisation, d’échange, de co-construction.
Points importants issus des échanges lors du jeu :
1/ importance de la formation, utilité des zones témoins pour présenter concrètement l’impact positif des aménagements.
2/ rôle de la puissance publique pour accélérer les transitions : compensation des pertes d’exploitation liées aux aménagements. Élargissement des zones aux bassins versants, c’est-à-dire au-delà des personnes concernées par les impacts possibles.
3/ diffusion large des actions de sensibilisation, par exemple avec le support du jeu zap taro pour augmenter la connaissance des enjeux par toutes et tous et contrer la fabrique du déni.
4/ porter l’accent sur la zone de St Omer, zone réceptive et active (= territoire pionnier).
5/ avoir une gestion spécifique inter-crise.
6/ élargir l’approche de sensibilisation à des zones jusqu’alors épargnées mais maintenant concernées (exemple, la Beauce).
7/ prévoir des échanges, stages, chantiers en commun.
Le 7 mai 2025 à 14h30 table ronde animée par Francis Melliez, professeur honoraire de géologie de l’Université de Lille et Jean Jacques HERIN , président de l’Association ADOPTA, à l’invitation de madame le Maire de Bourthes, Estelle Doutriaux.
Ce qui a motivé cette réunion : s’interroger collectivement au regard d’une inondation majeure qui a eu lieu en 2023 à la source de l’Aa.
Essayer de comprendre, c’est acter qu’il y a eu de multiples causes cumulatives au fil du temps. A noter qu’il a eu aussi un effet de contraste de cette crue qui a eu lieu après 18 mois de sécheresse.
M Melliez rappelle qu’il y a 3 conditions pour une bonne inondation :
- un événement météo – composante non maîtrisée
- de l’énergie (donnée par la pente) qui détermine l’embarquement (pour rappel 1 m³ d’eau = 1 t soit une énergie cinétique considérable).
- un état de surface du sol, imperméable ou pas. C’est là où nous avons une marge de manœuvre car d’après le Code Civil de 1804, l’art. 640 indique qu’on ne doit pas aggraver les écoulements.
M. Hérin rappelle qu’on est passé au XIXè siècle pour l’assainissement du « tout à la rue » au « tout à l’égout », conjointement avec une imperméabilisation des sols dans le cadre d’une politique hygiéniste en cohérence avec les enjeux sanitaires de l’époque. M. Hérin indique qu’il est toujours bon de comprendre ce qui a motivé la politique en vigueur lorsqu’on ambitionne de la changer.
Pour rappel aussi, lorsqu’on retourne une prairie sans autorisation (pour y cultiver du maïs par exemple), cela relève d’une sanction pénale.
M Melliez présente le diagramme d’Hjulström [https://www.zap-taro.com/medias/images/diagramme-d-hjulstrom.png] qui montre que les particules de terre vont se trouver concernées par les phénomènes d’érosion-transport-dépôt : la terre labourée s’en va lors des épisodes extrêmes : il est très facile d’éroder et de 50 à 100 t / ha risquent d'être perdues chaque année.
Les vallées ont toujours été recherchées pour l’habitat, pour autant, il faudra envisager à terme de déplacer tout se qui se trouve dans le lit majeur du cours d’eau.
Des ouvrages de ralentissement peuvent être pensés là où l’eau passe quand on ne peut plus la gérer. Avec une application territorialisée des principes généraux et toute la subsidiarité nécessaire dans la prise des décisions.
Il est souhaitable d’avoir des actions de sensibilisation des enfants des écoles en faisant construire, écrire, décrire, dessiner. Montrer des exemples simples, rendre les choses visibles pour qu’on les considère comme possibles à dupliquer.
Réfléchir sur comment se protéger par rapport au risque au niveau intercommunal, avec une référence au dessus des plus hautes pluies connues.
M. Hérin fait référence au document de vulgarisation proposé par ADOPTA sur le cas d’école de la commune d’ERCHIN (59) dans les années 2010 :
Pour ne plus subir les coulées de boue comme celles connues en 2003 sur cette petite commune du Nord, un bouquet de solutions techniques ont été déployées avec les objectifs d’éviter le ruissellement et de diviser les flux pour les gérer séparément :
- Rehaussement de certains chemins agricoles.
- Création de redents dans certains fossés.
- Plantation de haies.
- Adaptation de pratiques agricoles (redents dans les billonnages de pomme-de-terre par exemple).
Et aussi dans la partie urbanisée du territoire :
- dés imperméabilisation de certaines surfaces (parkings)
- déconnexion de surfaces publiques du réseau d’assainissement grâce à de nouveaux aménagements
- interdiction de rejet d’eaux pluviales en provenance d’espaces privés dans le réseau public.
Le document fait aussi référence à la démarche vertueuse mise en œuvre à Erchin :
- recours à des organismes compétents pour assurer l’encadrement de la démarche
- écoute de toutes les parties prenantes et concertation grande échelle
- implémentation technique sur-mesure
- coresponsabilité et co-engagement des parties prenantes
- accompagnement technique et financier par les institutions
Écouter aussi : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-terre-au-carre/la-terre-au-carre-du-jeudi-08-mai-2025-1225207
L’hydrologie régénérative, une solution d’avenir, émission du 8 mai 2025
« Ce sujet n'est pas une utopie ou une idée saugrenue, juste du bon sens des anciens, avec les savoirs et les techniques d'aujourd'hui. Redimensionner et repenser les chemins de l'eau.
Aller tout droit, c'est prendre de la vitesse et ne pas pouvoir s'arrêter quand il y aura un mur.
Le chemin sinueux, quand à lui, est plus doux, les rencontres plus riches et les obstacles moins violents car nous arrivons à les anticiper, ce rythme plus lent permet tout cela et permet de voir la beauté des choses qui nous entourent.
Osons ensemble, voir le robuste, au delà de la performance, regarder son voisin sans porter de jugement, appréhender les choses de la vie avec humilité et gentillesse. Laisser la vie nous infiltrer. »
Les mots à retenir sont : Ralentir – Infiltrer – Stocker l’eau dans les sols et paysages – Évapotranspirer – Diversifier
Ce qu’on peut traduire par le mot créé « Labyrinthiser » (Baptiste Morizot).
Concernant la méthode de concertation, voir aussi Loos-en-Gohelle vitrine de la transition écologique https://www.youtube.com/watch?v=6SvskankdQQ
à suivre [préparation d'une animation auprès des scolaires avec sykadap pour sensibiliser sur la problématique des crises aiguës et expérimenter des actions de sensibilisation]